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III
PRÉFACE

clavage et d’oppression pour l’homme, mais encore des politiques qui, ne voyant en elle que la chose du monde la plus indifférente, sont sur le terrain de la politique et de l’industrie des amis, mais sur le terrain de la religion des ennemis de la lumière et de la liberté. Enfin, et même tout d’abord par la rudesse et la franchise d’un langage qui nomme chaque chose par son vrai nom, j’ai violé d’une manière horrible, impardonnable, l’étiquette du temps.

Le ton « des bonnes sociétés, » le ton neutre, sans passion et sans caractère, approprié à la défense d’illusions, de préjugés et de mensonges, dont tout le monde convient, voilà le ton dominant, le ton normal de l’époque, le ton dans lequel non-seulement les affaires politiques, — ce qui se comprend de soi-même, — mais encore les affaires de religion et de science, c’est-à-dire le mal d’aujourd’hui, sont traitées et doivent être traitées. Apparence, mensonge, hypocrisie, masque, voilà le caractère du temps présent ; masque notre politique, masque notre moralité, masque notre religion et masque notre science. Qui dit aujourd’hui la vérité est un impertinent, « n’a pas de formes, » et, qui n’a pas de formes est immoral. Vérité est aujourd’hui immoralité. Morale, autorisée, que dis-je autorisée ? honorée est la négation du christianisme qui se donne l’apparence de l’affirmation ; mais immorale et décriée est la négation morale, sincère qui se donne pour ce qu’elle est. Moral est le jeu de l’arbitraire avec le christianisme, de l’arbitraire qui laisse tomber