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VII
PRÉFACE

pût étonner, que je ne me suis pas laissé déconcerter le moins du monde par ces criailleries. Loin de là, j’ai repris mon œuvre tout tranquillement, je l’ai soumise à la critique la plus sévère au point de vue de l’histoire et de la philosophie ; je l’ai purgée de ses défauts autant que possible, et enrichie de développements nouveaux et de nouveaux documents historiques frappants et irréfutables. On sera désormais forcé d’avouer, et même malgré soi, si l’on n’est pas tout à fait aveugle. que cet écrit est une traduction fidèle de la religion chrétienne, de la langue orientale et imagée de la fantaisie en bonne et intelligible langue moderne ; et il n’a pas la prétention d’être autre chose qu’une traduction mot à mot, qu’une analyse historique et philosophique, qu’une solution de l’énigme du christianisme. Les principes généraux formulés dans l’introduction ne sont pas des à priori, des produits de la spéculation ; ce sont des faits de la nature humaine, de la conscience religieuse de l’homme, transformés en pensées, exprimés en termes généraux et mis, par cela même, en état d’être compris. Mes pensées ne sont que des conclusions, que des conséquences de prémisses qui elles-mêmes ne sont pas des pensées, mais des vérités objectives, des faits vivants ou historiques, faits à qui leur lourde existence en énormes in-quarto ne permettait pas de trouver place dans ma tête. Je rejette, en général, la spéculation absolue satisfaite d’elle-même, et je suis loin de ces philosophes qui s’arrachent les yeux de la tête afin de pouvoir mieux penser. J’ai besoin des