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XII
PRÉFACE

donc que le sens de la théologie est contenu dans l’anthropologie, qu’entre les attributs de Dieu et les attributs de l’homme, et par conséquent entre l’homme et Dieu, sujets de ces attributs, il n’y a aucune différence, — car partout où les attributs ne sont pas de vaines qualités, des accidents, mais l’expression de l’essence même du sujet, alors sujet et attribut ne font qu’un et l’on peut mettre indistinctement l’un à la place de l’autre. Pour plus ample information, que l’on consulte l’Analytique d’Aristote ou l’Introduction de Porphyre. Dans la seconde, au contraire, je prouve que la distinction qu’on fait ou qu’on veut faire entre les attributs théologiques et anthropologiques se réduit à rien, c’est-à-dire à une absurdité. Je fais voir d’abord, par exemple, que le fils de Dieu est un fils véritable, fils de Dieu dans le sens attaché naturellement à ce mot, et je trouve la vérité de la religion en ce qu’elle reconnaît et affirme comme rapports divins les rapports les plus profonds de la nature humaine. Plus tard, au contraire, je montre que ce même fils de Dieu n’est plus pour la spéculation religieuse un fils dans le sens naturel et humain, mais d’une manière tout autre, opposée à la raison et à la nature, par conséquent absurde, et c’est cette négation du sens et de l’intelligence de l’homme qui constitue pour moi, dans la religion, le côté négatif et faux. La première partie est donc la preuve directe, la seconde la preuve indirecte que la théologie est anthropologie ; la seconde ramène ainsi nécessairement à la première ; elle n’a aucune signification indépen-