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XI
PRÉFACE

Si donc mon livre est négatif, irréligieux, athée, que l’on veuille bien remarquer que l’athéisme, du moins dans mon sens, est le secret même de la religion, et que la religion elle-même, non pas à la surface, mais au fond, non pas dans son imagination, mais en réalité, dans son cœur et dans son essence véritable, ne croit à rien autre chose qu’à la vérité et à la divinité de l’être de l’homme. Ou bien qu’on me prouve la fausseté de tous mes arguments fondés à la fois sur la raison et l’histoire, — qu’on les réfute, — mais non pas, et c’est ma seule prière, avec des injures de juriste, des jérémiades de théologien, des phrases spéculatives et des absurdités sans nom, mais avec des preuves et surtout avec des preuves que je n’aie pas moi-même déjà et complètement réfutées.

Assurément cet écrit est négatif, mais attention ! seulement contre ce qu’il y a d’inhumain et non contre ce qu’il y a d’humain dans la religion. Aussi se divise-t-il en deux parties, la première affirmative, la seconde négative en grande partie, et toutes deux prouvent la même chose, quoique d’une manière différente. La première résout la religion dans son essence, dans sa vérité ; la seconde la résoud dans ses contradictions ! La première est développement, la seconde est polémique. Le développement marche pas à pas, à chaque station il est satisfait de lui-même ; le combat se décide promptement, il ne trouve de repos qu’une fois le but atteint. De là la différence des deux parties sous le rapport de la forme. Dans la première partie je montre