Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
essence du christianisme

l’autre monde n’est que la foi à ce monde-ci purifié et sublimé par l’abstraction.

Le contenu du monde futur est le bonheur, le bonheur éternel de la personnalité arrêtée ici par la nature dans son développement. La foi au monde futur est par conséquent la foi à la liberté, à l’éternité et à l’infinité du sujet personnel, non pas dans l’idée de l’espèce qui se perpétue par des individus toujours nouveaux, mais dans les individus déjà existants ; c’est la foi de l’homme en lui—même. D’un autre côté, la foi au ciel est la même chose que la foi à Dieu — Dieu est la personnalité pure, absolue, indépendante de la nature ; il est ce que doivent être les individus, ce qu’ils deviendront ; croire en Dieu c’est donc croire à la vérité et à l’infinité de l’être humain — l’être divin n’est que l’être de l’homme dans sa subjectivité sans bornes et absolument libre.

Notre programme est rempli. Nous avons analysé l’essence surhumaine, surnaturelle et ultramondaine de Dieu. Les parties fondamentales se sont trouvées n’être que les parties intégrantes qui constituent l’essence de l’homme. Notre conclusion nous a ramenés à notre point de départ. L’homme est le commencement de la religion, l’homme le centre de la religion, l’homme la fin de la religion.