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Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/334

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notes

logique est le fondement de l’infinité théologique ou métaphysique. L’incommensurabilité, l’existence de Dieu en tout temps et en tous lieux à la fois, ne sont pas autre chose que la réalisation de l’incommensurabilité et de la présence universelle dans le temps et dans l’espace de l’imagination ou de la fantaisie humaine.




L’être infini ou dirin est l’être spirituel de l’homme, projeté par l’homme en. dehors de lui-même et contemplé comme un être indépendant. Dieu est esprit, cela veut dire en vérité : l’esprit est Dieu. Tel est le sujet, tel est l’objet. Dieu, en tant qu’être abstrait, immatériel, objet de la raison pure, n’est que l’essence de la raison même, n’est que la raison se voyant et se posant comme Dieu.


« Il ne manque à Dieu aucune des perfections que l’on trouve dans une espèce d’êtres quelconque. Parmi ces perfections, les principales sont la raison et l’intelligence. Par elles, en effet, un être est jusqu’à un certain point tout être, puisqu’il comprend en lui les qualités de toutes choses. — Dieu est donc raisonnable et intelligent. » (Thomas Aq., Summa, l. i. c. 44.). « Le sage a une certaine parenté avec Dieu ; car il est actif par l’intelligence, qui est l’essence même de Dieu. » (Synesius.) « Il y a une plus grande unité entre Dieu et l’homme qu’entre l’esprit et la chair ; car l’accord est plus grand entre des natures spirituelles qu’entre une nature spirituelle d’une part et une nature corporelle de l’autre. » (Victor Hugo.) « Parmi toutes les créatures, l’esprit seul peut s’élever à l’étude de l’être divin, parce qu’il lui ressemble le plus par sa nature ; plus donc, l’esprit s’appliquera à se connaître lui-même, plus il deviendra habile dans la connaissance de Dieu. » (Anselme, Monolog.,