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Les religions règnent seules et sans contrôle aussi longtemps que durent les circonstances qui les ont fait naître. Quand le milieu chaotique où plongent leurs racines commence à s’organiser pour des formes supérieures, elles se trouvent aux prises avec des besoins nouveaux qu’elles sont impuissantes à satisfaire. La contradiction éclate entre leurs brillantes promesses et le peu qu’elles sont capables d’en réaliser ; et les plus hardis parmi ceux qui s’en aperçoivent travaillent à détruire l’illusion universelle, sans crainte de voir périr le monde par la chute d’une erreur sacrée. Mais leur entreprise est difficile, et leurs efforts restent longtemps sans résultats, car bien des cœurs aiment leur illusion, et peu d’esprits se croient trompés ou veulent avouer qu’ils le sont. Une philosophie bienveillante se charge toujours d’accorder la foi avec la raison humaine, en lui faisant dire ce qu’elle n’a jamais pensé. Les interprètes de toute espèce, que ce soit de leur part sincérité ou hypocrisie, prenant les dogmes religieux pour point de départ comme symboles de vérités absolues, admettant même les miracles comme