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VIII
PRÉFACE

trouve-t-il pas pour affirmer qu’à la place du Dieu des religions et des philosophies théologiques, il propose pour idole l’humanité, remplaçant ainsi le christianisme par ce qu’ils appellent l’humanisme ! Une telle façon de le comprendre est absurde, bien qu’elle soit partagée par le plus grand nombre. Mais ce qui afflige le plus, c’est de voir des hommes d’une certaine distinction et connus du public tomber dans de pareils errements ou dans d’autres pires encore. Si des intelligences d’élite se laissent entraîner, par négligence ou par antipathie pour l’auteur, à le défigurer ainsi, on n’aura jamais que sa caricature. Bien que le nom de Feuerbach soit assez connu, ses œuvres, qui datent de plus de vingt ans, n’ont guère été appréciées que sur ouï-dire. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire les articles publiés à ce sujet par MM. Renan, Scherer et Saint-René Taillandier. Les appréciations de ces messieurs se ressentent beaucoup trop de leur tempérament, bien qu’ils se vantent de n’en avoir aucun et soient souvent, en réalité, aussi neutres que l’eau claire ; mais, comme on est assez disposé à les accepter de confiance, je n’ai rien de mieux à faire qu’à en dire quelques mots au lecteur.

Je ne m’arrêterai pas à discuter les opinions de M. Taillandier. On trouve dans ses nombreux articles de la Revue des Deux Mondes une foule de choses bien pensées et bien dites sur divers sujets de littérature et d’histoire ; mais les pages qu’il a consacrées à l’examen du mouvement intellectuel en Allemagne sont un mo-