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Page:Feuerbach - La Religion,1864.pdf/20

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XI
PRÉFACE

jetée hors de sa voie en lui faisant abandonner l’absolu pour le fini, les préoccupations scientifiques pour des intérêts, l’idéalisme pour le naturalisme, etc. » Concilie qui voudra M. Scherer avec lui-même. S’il n’était qu’un abstracteur de quintessence, je comprendrais les lignes qui précèdent ; mais il a dit lui-même que la métaphysique idéaliste est une bulle de savon, — je n’en dirais pas autant ! — qu’elle a fait faillite, et que le positivisme a pris la suite de ses affaires. Or, que prouve Feuerbach autre chose, et qui le prouve mieux que lui ? Il ne s’occupe pas du fini, mais du réel, ce qui est un peu différent. Et puis, que signifient ces expressions : « préoccupations scientifiques ? » M. Scherer entend-il par là des discussions sur le péché originel comme on en trouve dans ses Études religieuses ? Quels sont les « intérêts » dont il parle ? Feuerbach plaide pour tous les intérêts, et surtout pour les intérêts de la science et de la vérité. « Nous n’aurons plus les sacrements, mais nous retrouverons l’eucharistie dans nos repas, et le baptême dans l’usage salutaire des bains froids. Qu’on ne croie pas que j’exagère, je résume fidèlement les idées, etc. » Ces mots : « qu’on ne croie pas que j’exagère, » devraient être écrits en lettres d’or. C’est la formule ordinaire de ceux qui, arrivant à des conséquences absurdes par leur fausse interprétation d’un auteur, aiment mieux croire à l’absurdité d’autrui qu’à la leur propre, lorsque cette absurdité aurait dû leur ouvrir les yeux. Puisque M. Scherer chicane Feuerbach sur