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LA RELIGION

désormais elle porte le nom de mémoire, de souvenir, La conscience est une fonction que tu as remplie pendant la vie et que tu déposes à la mort. Tu n’existes plus désormais que dans la conscience des autres, de même qu’à l’origine tu n’existais que dans leur conscience.

La conscience est l’atmosphère générale, universelle d’esprit et de vie par l’aspiration de laquelle tu vis et tu es conscient, par l’expiration de laquelle tu perds la conscience et la vie. La conscience est formée par la connaissance que tous les hommes ont les uns des autres, par leur manière de voir réciproque, par le savoir de tous en tant qu’ils forment un ensemble un et indivisible. L’individu n’existe que par la connaissance, ou mieux par la faculté de distinguer. Tu n’es qu’autant que tu te distingues toi-même. Mais pour que cela soit possible, il faut qu’il y ait d’autres personnes en dehors de toi, et tu ne peux te connaître que dans ta différence d’avec elles. Cette nécessité pour l’individu d’exister avec d’autres, pour ta conscience d’être en même temps la conscience des autres, pour toi de ne pouvoir te connaître qu’en eux et par eux, est la manifestation de cette vérité que la conscience est l’unité absolue de tous les hommes ou de toutes les personnes. Reconnais et contemple en elle le grand secret du tout, le grand secret de l’unité. Comme la nature sensible, la conscience est un monde dans lequel chaque individu fait son entrée. Comme l’épi mûrit au soleil, ainsi tu mûris et tu deviens une personne à la lumière du soleil de la conscience éternellement jeune, éternellement créatrice, éternellement en voie de développement au sein de l’humanité. Quand tu meurs,