Page:Feuerbach - La Religion,1864.pdf/255

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corporels sont pour lui des êtres célestes, c’est-à-dire d’imagination pure, de pure illusion, sensibles et spirituels à la fois, et comme tels les plus propres à servir de séjour aux morts qui sont de même nature qu’eux. En effet les morts, débarrassés de leurs éléments matériels et hors de la portée des sens, ne font plus que planer dans l’éther de la fantaisie, visibles seulement aux regards de l’esprit.

Mais ce sens religieux et céleste des étoiles ne peut leur appartenir que tant qu’elles sont des objets de l’imagination. On voit par là combien insensé, superficiel et en contradiction avec lui-même est le rationalisme chrétien moderne, quand il prend encore aujourd’hui les astres pour base de sa fantastique vie future, après qu’ils sont tombés du rang d’êtres immatériels et purement optiques à celui d’êtres corporels, terrestres et empiriques. On peut dire que c’est prendre l’incrédulité pour fondement de la foi, le doute pour ancre de l’espérance, la vérité de la mort, c’est-à-dire la non-vérité de l’immortalité pour preuve de l’immortalité même ; car le même point de vue qui me garantit la

    culative, abstraite, abandonnée à elle-même ne peut s’empêcher également de donner la pensée ou la logique comme fondement de la nature. Rien n’est donc plus absurde que de conclure de la nécessité de la pensée à la nécessité de l’existence. Si Dieu existe parce que l’homme à un certain point de vue le regarde comme nécessaire, alors l’orbite des planètes est un cercle et non une ellipse, car la raison humaine avant d’être instruite par l’expérience regarde nécessairement le mouvement circulaire comme le plus parfait de tous et le plus conforme à la nature. — (Voyez sur ce sujet ce que dit Lichtemberg dans son Nicolas Copernic.)