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XXV
PRÉFACE

définitif peut se formuler en peu de mots : Souvenons-nous de la religion avec un sourire, mais en même temps avec humilité, en voyant de combien bas nous sommes partis ; regrettons que l’état d’ignorance, de sottise, de contradiction ait duré si longtemps et avec lui cette passion de l’humanité semblable à celle qu’elle attribue à ses dieux, — et maintenant l’œil fixé sur l’avenir, avec la pleine conscience de nos droits puisés dans la vérité et la justice, faisons la guerre en hommes de bonne volonté à tout ce qui s’oppose à leur avènement et à leur triomphe.

Dans son appréciation de Feuerbach, M. Renan n’a obéi qu’à son antipathie pour tout ce qui est net, clair, précis, exprimé sans ambages et sans circonlocutions. Il trouve, dans un accent convaincu, dans la conviction elle-même, quelque chose qui décèle pour ainsi dire une nature bornée. La nuance, la délicatesse, la grâce, voilà ce qu’il aime par-dessus tout, et ces qualités nommées à chaque instant dans ses livres lui paraissent manquer à ceux dont la pensée ne craint pas de s’exprimer sous une forme intrépide. À force de le répéter, il a fini par le croire, et c’est une preuve qu’il ne comprend pas bien la véritable liberté intellectuelle. Les nuances proviennent de l’action d’un être ou d’un phénomène puissamment accusé sur le milieu qui l’entoure. Si je prends la lumière pour exemple, le soleil, qui en est la manifestation, produit des effets bien plus riches et bien plus variés là où il est le plus puissant que dans les con-