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LA RELIGION

tables les objections rationnelles ; ils l’accusèrent aussi formellement dans le synode de Hollande — mais il fut renvoyé absous.

III

La théologie, — et remarquons-le bien, — non pas celle qui est déjà vaincue par l’esprit scientifique, entraînée hors de son cercle étroit dans le torrent de la vie universelle, — mais la théologie qui s’appuie sur un monopole, qui affecte des prétentions particulières vis-à-vis du savoir humain, se regarde comme l’enfant chéri de la divinité ; en un mot, la théologie orthodoxe, pour nous servir de ce terme usé, qu’elle soit protestante ou catholique, a pour base un intérêt borné, servile, le seul intérêt de déclarer ce qu’elle suppose vrai non pas vérité scientifique, ce qui lui est impossible, mais vérité choisie, élue entre toutes, de le prouver historiquement ou dogmatiquement, d’en écarter tout ce qui lui est contradictoire, et, si cela ne se peut, d’employer tous les moyens pour l’expliquer et le tourner à son profit. Le théologien, à ce point de vue, n’a pas le moindre soupçon de l’esprit scientifique et de la liberté qui en est l’âme ; il est jusqu’à la moelle des os corrompu et perdu pour la science, car il l’entraîne toujours sur le terrain religieux. Il ne lui accorde qu’une importance de pure forme, ne la traite jamais sérieusement, quelque soin qu’il apporte à son étude : — son savoir est un sépulcre blanchi. Chez lui, chose étrange ! les rôles de la science et de la foi sont