d’école. Sous le nom supposé de Thierry de Harlem, il écrivait un petit traité, dans lequel il engageait Jodocus à quitter le monde, sans pourtant se lier par des vœux perpétuels. Il composait aussi un éloge funèbre de Berthe de Heyen, dame de Ter-Gouw, qui avait été sa bienfaitrice. De froides antithèses et de puériles exagérations de sentiments nous montrent que le goût d’Érasme n’est pas encore formé ou que son émotion dans cette circonstance est toute artificielle. Ce qui mériterait plutôt d’être relevé, ce sont les deux lettres qu’il écrit en 1490, et dans lesquelles il défend le célèbre Laurent Valla contre un prêtre de Ter-Gouw. Érasme l’avertit qu’il a blessé tous les savants, et que les barbares, déjà battus par Valla une première fois, ne tenteront pas impunément une nouvelle descente. On a ainsi comme la date précise de la déclaration de guerre adressée par Érasme à la scolastique, et lui-même compare ingénieusement ces deux lettres à des féciaux qu’il envoie au camp ennemi. Inspiré par la même pensée, Érasme commençait peut-être au couvent de Stein le livre des Anti-barbares, dont il ne devait publier que la première partie.
Mais ces travaux, auxquels, paraît-il, il faudrait joindre une étude légère du dessin et même de la peinture[1], ne suffisaient pas malgré tout à distraire Érasme du regret de sa liberté perdue. Ni son corps ni son esprit ne pouvaient se plier à la règle monastique, quelque peu rigoureuse qu’il nous la fasse lui-même entrevoir. Si son sommeil venait à être troublé, il restait éveillé plusieurs heures de suite. Les jeûnes l’épui-
- ↑ Ce qu’Érasme en effet écrit en 1524 au sujet de l’un de ses portraits montre un homme qui n’est pas étranger aux procédés de l’art du dessin. Ép. 669.