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LE COLLÈGE DE MONTAIGU.

saient. Surtout il voyait sa passion de l’étude sans cesse contrariée. Il se sentait en pays ennemi, et n’aspirait qu’à s’échapper. Un heureux hasard vint enfin lui ouvrir les portes de ce couvent où il n’avait trouvé que des déceptions. En 1491, Henri de Bergen, évêque de Cambrai, lui procura les dispenses nécessaires et l’attacha à sa personne en qualité de secrétaire. Ce personnage avait dessein de le mener avec lui en Italie, et, comme il travaillait à obtenir le chapeau de cardinal, il n’était pas fâché de se faire honneur à Rome de la belle latinité de son protégé. Mais le voyage manqua, et Érasme s’aperçut bientôt que la bonne volonté de son nouveau patron était peu active. Nous n’avons d’ailleurs que fort peu de détails sur cette période de la vie d’Érasme. Une seule lettre de lui, empreinte de tristesse et de découragement, semble se rapporter à cette époque. Nous savons seulement qu’il demeura cinq années à Cambrai, que le 25 février 1492, jour de Saint-Marc, il fut ordonné prêtre, qu’il se fit aimer d’Antoine de Bergen, frère de l’évêque, et se lia d’une étroite amitié avec Jacques Battus, secrétaire de la ville de Bergen.

II

Érasme obtenait enfin en 1496 d’être envoyé à Paris au collège de Montaigu, avec le privilège d’une bourse et la promesse d’une modeste pension que lui fournirait l’évêque de Cambrai. À ce moment, grâce à l’administration du cardinal d’Amboise, la France était heureuse. La population croissante forçait les villes à élargir leurs faubourgs ; l’absence de toute discorde civile permettait à l’industrie et au commerce de se dé-