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ÉRASME EN ANGLETERRE (1497).

hommes distingués, dont quelques uns lui restèrent toujours unis, William Grocyn, l’élève de Vitelli et de Politien, Linacre, écrivain scrupuleux et habile médecin, qu’Érasme aimait à consulter dans ses fréquentes maladies, Thomas Wolsey, alors boursier du collége de la Madeleine, John Claimond, Thomas Halsey, Colet enfin et Thomas Morus, qui avait à peine dix-huit ans, et dont Érasme louait déjà « l’heureux, le doux et gracieux esprit[1]. »

Dans la correspondance d’Érasme, les lettres qui se rapportent à ce premier séjour en Angleterre sont comme éclairées d’un sourire qui s’efface bientôt dans celles qu’il écrit de Paris. Là il se retrouve en présence de la gêne. Privé par la malice d’un envieux de son élève Thomas Grey, fils du marquis de Dorset, il se voit contraint, malgré l’éloignement qu’il ressentait pour les fonctions de précepteur, de se charger d’un jeune homme de Lubeck, nommé Christiern, et dont le père lui avait promis, pour prix de ses soins, « trente deux écus et un habit[2] » Sa santé était chancelante. Il craignait les fièvres épidémiques, si fréquentes à cette époque, et, pour échapper à leur influence contagieuse, il n’hésitait pas à changer de quartier, ou encore à se réfugier à Orléans, chez son ami Jacques Tutor, professeur de droit canon. « Pour bien vivre, disait-il, encore faut-il vivre. »

L’une des surprises qui attend le biographe des érudits de la Renaissance, c’est le spectacle de leur prodigieuse activité. On a peine à les suivre courant les grandes routes, et partout chevauchant en triste équipage, à la recherche des livres nouveaux, d’un profes-

  1. Ép. 14.
  2. Ép. 17.