n’avaient eu encore qu’un contre-coup assez faible dans l’ordre littéraire. De ce côté les révolutions sont d’un progrès plus lent qui se dérobe parfois au regard le plus attentif. Le jour se fait peu à peu et lutte longtemps encore avec la nuit. Cet âge, qu’une admiration trop dénigrante pour le passé a appelé l’âge de la Renaissance, et qui verra cependant la ruine de trois grandes choses, la féodalité, la scolastique et l’unité religieuse, ne s’ouvre pas par un événement qui éclate et retentisse : une année seulement fait place à une autre.
III
C’est à Paris que s’écoule pour Érasme la première année du XVIe siècle. Sa réputation qui grandit chaque jour n’a guère amélioré sa fortune. Il navigue avec peine, dit-il, contre vents et marée, cherchant partout un astre favorable qui lui rende propices les flots et les dieux. Par malheur, dans les années qui suivent, sa correspondance devient trop rare et trop discrète pour notre curiosité. Bien des lettres se rapportant à cette époque ont dû être perdues. Érasme lui-même, quand il publia le premier recueil de sa correspondance, en détruisit un grand nombre, à l’instigation de ses amis ou par prudence. Nous ne devons mettre que plus de soin à dégager, dans les fragments qui nous sont parvenus, tout ce qui peut reconstituer, sinon tous les actes extérieurs d’Érasme, du moins l’histoire de ses pensées, de ses sentiments, et, pour ainsi parler, sa biographie morale, la seule au demeurant qui soit pour nous d’un intérêt durable.
En 1500, c’est encore vers la marquise de Véra que semble se tourner le plus ferme espoir d’Érasme. Il lui