partout ailleurs, et plus riches en savants que toutes les autres, un parlement enfin qui rappelle par sa gravité le sénat romain. » Quelques accents élevés sur le respect de la loi et les devoirs des princes et un éloquent passage sur les malheurs de la guerre sont les seules parties qui mériteraient d’être détachées de ce trop long panégyrique. Le style, avec la pensée elle-même, reprend de la force et de la fierté.
Cet éloge d’ailleurs ne plut pas à tous, et, « comme Apelle caché derrière son tableau, » Érasme écoutait avec curiosité les critiques qu’on en faisait. Il eut le bon goût de ne pas se défendre contre toutes, et il reconnut qu’il avait dépassé la mesure et semé dans son discours trop de lieux communs. « Pline, écrivait-il un jour, n’était pas seulement plus éloquent que moi, il fut plus heureux : d’abord il eut à louer un empereur déjà blanchi par les années, et qui s’était signalé dans la paix comme dans la guerre, mais surtout il ne louait que ce qu’il avait vu lui-même. » Croyons pour l’honneur d’Érasme qu’il avait ainsi prétendu montrer à Philippe ce qu’il devait être bien plus que ce qu’il était : la leçon, il est vrai, était assez enveloppée pour n’être bien entendue ni de Philippe ni de nous-mêmes.
Une seule lettre dans la correspondance d’Érasme se rapporte à l’année 1505, et elle ne nous fournit aucun renseignement important sur sa vie. Encouragé dans l’étude de la Bible et des Pères par le docteur Adrien[1], et un Franciscain nommé Vitriarius, il éditait cette année, en y ajoutant une préface et des notes, les Commentaires de Laurent Valla sur le Nouveau Testament, qu’il
- ↑ V. sur les rapports d’Adrien VI et d’Érasme le ive chapitre du mémoire cité de M. E. Rottier, p. 57.