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HENRI ESTIENNE.

nouvelle : c’étaient ces mots de l’apôtre saint Paul : Noli altum sapere, auxquels ceux-ci furent joints quelquefois : Sed time. Henri, qui ne sut pas assez craindre, comme nous le verrons, dans l’intérêt de son repos et de sa fortune, retint les symboles adoptés par son père[1].

On peut dire que jamais homme plus que Robert n’a fait mentir cette parole de Cicéron : Haud quidquam ingenuum potest habere officina[2]. Digne de l’époque chevaleresque de François Ier, il montra dans le commerce, le désintéressement et la générosité du plus noble seigneur. Sous ce règne illustre, dont il fut l’un des ornements, sa figure originale a trop de saillie pour ne pas être étudiée avec un soin particulier. La physionomie du père, bien mise en relief, nous permettra d’ailleurs de mieux saisir celle du fils ; et ces deux gloires, les plus grandes de la typographie française, ne sauraient être séparées. Rare fortune d’une maison qui n’a pas donné au pays moins de quinze ou seize hommes utiles, que d’en avoir produit deux de suite qui ont mérité un rang parmi les personnages célèbres du siècle où fleurirent les Érasme, les Budé, les Rabelais, les Montaigne, les de Thou !

  1. Toutefois, dans la maison des Estienne, la maxime précitée a été aussi, quoique rarement, remplacée par ces mots : De fracti sunt rami ut ego insererer qui conviennent très-bien du reste à l’aspect de l’olivier pris pour emblème. On y voit en effet se détacher et tomber plusieurs branches coupées qu’il semble qu’on ait voulu rejoindre au corps de l’arbre.
  2. De Officiis, I, 42.