Page:Feugère - Caractères et portraits littéraires du XVIe siècle, II, 1859.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
CARACTÈRES ET PORTRAITS.

mencement du seizième siècle. Auparavant on se contentait en général de lire l’antiquité grecque dans des traductions latines, sans recourir aux originaux. François Tissard, originaire d’Amboise, fut le premier qui édita, vers 1510, chez l’imprimeur Gilles Gourmont, des livres grecs fort imparfaitement exécutés, malgré les peines qu’ils coûtèrent. Parmi ceux à qui l’on dut quelque progrès, on remarque Conrad Néobar, qui fut en 1538 nommé imprimeur du roi pour le grec, si l’on s’en rapporte toutefois à des lettres patentes dont l’authenticité n’a pas paru inattaquable[1]. Quoi qu’il en soit, jusqu’au moment où Robert dirigea de ce côté son activité intelligente, le nombre des auteurs que nous avions publiés en grec était très-restreint et l’on ne se servait que de caractères défectueux. Pour la typographie orientale, et notamment l’impression des livres hébreux, le même Gourmont l’avait abordée en 1508. Néanmoins, en dépit de ses efforts, continués par Gérard de Morrhy et Chrétien Wéchel, on était singulièrement arriéré à cet égard, et il n’y avait encore eu à Paris que de rares et d’insuffisants essais, lorsque Robert, encouragé par les libéralités de François Ier, le fondateur du collège des trois langues, au nombre desquelles était l’hébreu,

    gue grecque. Les Manuce, en soixante ans environ, donnèrent soixante-trois éditions princeps : on en dut trente-trois au seul Alde l’ancien, de 1494 à 1515, entre lesquelles les ouvrages d’Aristote, de Platon, d’Aristophane, de Démosthènes, etc.

  1. Elles ont été publiées par M. Crapelet : voy. à ce sujet le Journal des savants, avril 1836, p. 248.