Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
MARGUERITE DE VALOIS

saient ou que justifiaient tant de perfidies et de crimes, on voulut, dans cet accident, peut-être fort naturel, reconnaître la main de Catherine de Médicis.

Saluons au passage la fille de Jeanne d’Albret, Catherine de Bourbon, née en 1558 et morte en 1604, qui composait des vers à peine âgée de douze ans[1] ; et arrêtons-nous enfin à cette famille où la culture de l’intelligence et la supériorité des talents, unie à celle du rang, se produisirent dans cette époque avec le plus d’éclat et de grâce, à la dynastie des Valois, spécialement aux princesses qui illustrèrent le nom de Marguerite.

Fille de Henri II et sœur de François II, de Charles IX et de Henri III, Marguerite de Valois, qui naquit en 1552, fut mariée en 1572 à Henri de Navarre, premier prince du sang, destiné à être plus tard un héros et un grand roi. Elle parut dès sa première jeunesse, d’après les témoignages contemporains[2], « ornée d’un tel et si divin esprit, si docte et si éloquent, qu’elle surpassait toutes celles qui avaient réputation d’être bien nourries aux lettres : » avantage qu’elle devait à la nature beaucoup plus qu’à l’étude ; car, ennemie d’une application opiniâtre et de la constance en toute chose, elle ne sut jamais échapper à la douce sujétion du plaisir. Sous ce rapport comme sous celui de l’esprit, elle représenta dignement une maison plus habile, par malheur, à bien dire qu’à bien faire. Ses Mémoires

  1. Le Bulletin de la société du protestantisme a publié (juillet et août 1853) des vers de cette princesse.
  2. Voyez La Croix du Maine, dans sa Bibliothèque.