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MARGUERITE DE VALOIS

fondation de ce genre qui, avec celle de Conrart, fut un essai et un prélude de l’académie de Richelieu. Charles IX avait établi que dans la sienne, où l’on ne s’occupait pas seulement de littérature, mais de musique, les deux sexes seraient admis sur le pied d’égalité ; et l’on ne peut douter qu’à côté des principaux membres de cette compagnie, Baïf, d’Aubigné, Pibrac, n’aient siégé plusieurs des dames les plus distinguées de la cour.

Marguerite de Valois conserva, même descendue du trône et dans une position privée, le goût de ces nobles divertissements. Étienne Pasquier[1], qu’elle avait reçu dans sa société à titre de savant et d’homme d’esprit, nous a laissé un piquant tableau des soirées où elle réunissait le monde élégant par l’attrait de jouissances toutes modernes : son salon, ouvert à de nombreux hôtes, leur offrait, outre les plaisirs de la conversation, ceux du bal et du concert. Henri IV, indulgent, comme il lui convenait de l’être, pour les nombreuses aventures de Marguerite, s’était borné à demander la rupture de son mariage, et elle y avait consenti. Depuis lors elle continua à tenir une petite cour à Paris, dans un hôtel qu’elle avait acquis au faubourg Saint-Germain, près de la Seine et du pré aux Clercs, où elle se livra, indépendamment de ses autres goûts, à celui des bâtiments et des jardins. Prodigue dans ses dépenses de ce genre et aussi, empressons-nous de le marquer à son honneur, dans ses libéralités pour les gens de

  1. Voyez les Lettres de cet écrivain, XXII, 5.