Dans tout l’éclat de sa jeunesse, elle épousa le duc d’Alençon, six ans avant que son frère montât sur le trône de France. Ce frère, objet de sa plus vive affection, lui rendait la pareille : il l’appelait sa mignonne ; et voici comme elle traçait son portrait, dans l’exaltation d’une tendresse dont on verra plus d’une preuve :
De sa beauté, il est blanc et vermeil,
Les cheveux bruns, de grande et belle taille.
En terre il est comme au ciel le soleil ;
Hardi, vaillant, sage et preux en bataille,
Fort et puissant, qui ne peut avoir peur :
Que prince nul, tant soit-il grand, l’assaille.
Il est bénin, doux, humble en sa grandeur,
Fort et constant et plein de patience,
Soit en prison, en tristesse ou malheur,
Il a de Dieu la parfaite science
Que doit avoir un roi tout plein de foi,
Bon jugement et bonne conscience.
Au moment où Marguerite peignait ainsi son frère dans le Débat d’amour, œuvre de 1532, François Ier était encore dans toute la vigueur de l’âge, et malgré sa défaite de Pavie, dans tout le prestige de cette gloire spécieuse qui a un peu trop ébloui la postérité. Marguerite elle-même était devenue en 1527 reine de Navarre, par un second mariage[1], d’où naquit Jeanne d’Albret, la mère de Henri IV. Et, à vrai dire, chez ce prince on
- ↑ Elle-même disait qu’en épousant le roi de Navarre, ce roi sans royaume et sans mérite, « elle avait épousé l’exil, la pauvreté, la ruine et elle en pleurait à creuser le caillou. » — Là était cependant l’espoir de notre monarchie.