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MADEMOISELLE DE GOURNAY.

entre elle et les sibylles une comparaison qu’il finissait ainsi :


Tu remportes, Gournay, cet illustre avantage
D’égaler en mourant les sibylles en âge
Et d’avoir en vivant surmonté leur vertu[1].


Par son testament elle désigna pour l’exécuteur de ses dernières volontés et l’héritier de sa bibliothèque, La Mothe le Vayer, l’un de ses meilleurs amis et de ses plus chauds partisans, de pur sang gaulois comme elle, et, quoique académicien, grand ennemi des réformes de Vaugelas. Elle laissa en outre quelques gages de souvenir à d’autres littérateurs, et notamment son Ronsard à Claude de l’Étoile, le fils de l’historiographe, l’un des cinq auteurs qu’avait jadis employés Richelieu.

Les Mémoires contemporains, d’accord avec le Journal de Henri IV, qui a mentionné plus d’une fois mademoiselle de Gournay, ont constaté l’importance et la

  1. Le nom de sibylle se retrouve appliqué à mademoiselle de Gournay,
    dans les poésies latines de Balzac :
    Montani soboles et Phœbo plena sacerdos,
    Filia digna patre est, digna sibylla Deo.
    On trouvera plusieurs autres épitaphes de mademoiselle de Gournay dans le Jardin d’épitaphes choisies, par Pierre de Saint-Romuald, in-12, 1648, p. 24 et suiv. Voici l’une d’elles :
    Quæ prius eximiæ sub virginis ore latebat,
    Nunc repetit sedes dia Minerva suas.
    Il en est une aussi qui permet de déterminer exactement l’époque controversée de sa naissance, en constatant qu’elle vécut soixante-dix-neuf ans, neuf mois et sept jours.