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AU SEIZIÈME SIÈCLE

personne, à la sœur de François Ier, cette Marguerite de Navarre, qui fut souveraine par le double droit du mérite et du sang. Mais une classe où la supériorité littéraire brille surtout alors d’un éclat incontestable est celle de l’aristocratie. Nous le verrons, à la cour de France, sous le chef de la dynastie des Valois et ses successeurs, les talents poétiques croissent en foule sur les marches et autour du trône, comme les plantes germent spontanément dans un sol bien préparé ; et le gentil Marot n’est que l’organe naturel de cette société ingénieuse où les princesses conservent dans leurs productions toute la distinction de leur naissance. À vrai dire, cette tradition remontait à Charles d’Orléans, le fils de Valentine de Milan, ce digne rival de Villon, qui, fait prisonnier sur le champ de bataille, avait charmé par des vers les ennuis de sa longue captivité : heureux exemple qui des classes les plus élevées s’était communiqué à toutes les autres.

De là, dans le seizième siècle, par une émulation féconde, tant d’essais couronnés de succès ; de là ce travail commun, cette culture simultanée de l’esprit et du style français, qui annoncent en y préludant les chefs-d’œuvre que verra éclore l’âge suivant. C’est donc pénétrer plus avant dans l’intelligence de cette période classique, que d’apprendre à mieux connaître, en écartant d’ailleurs toute idée de comparaison, les débuts qui l’ont préparée.

Dans ce but, j’ai rappelé ailleurs[1] de mâles accents,

  1. Caractères et Portraits littéraires du XVIe siècle, t. II. D’Aubigné.