Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
LOUISE LABÉ.

témoignage des fortes et ardentes passions qui ont agité et trempé les âmes dans l’époque de la réforme. Maintenant nous passons à des vers d’une inspiration bien différente, fruits de plus doux, de plus tendres sentiments. C’est ainsi qu’à la faveur d’influences diverses, la vigueur d’un côté et de l’autre la grâce allaient se développant ensemble pour concourir bientôt, dans La Fontaine, dans Molière, dans Racine, à la perfection de notre poésie. Sous la plume de ces génies immortels, l’énergie des sentiments et l’élégance des mœurs allaient trouver leur expression accomplie dans ce temps et cette littérature qu’on ne peut assez admirer.

II

Dans la carrière où s’était déjà illustrée la Vénitienne Christine de Pisan, Lyon, la capitale du midi de la France, qui se rapprochait de l’Italie par son climat comme aussi par ses goûts d’étude, sa civilisation et la culture des intelligences, possédait au seizième siècle une colonie des plus brillantes : c’est un groupe que rencontrent tout d’abord les yeux de l’observateur et auquel nous allons nous arrêter. Cette florissante cité, riche aujourd’hui par son commerce, ne l’était pas moins alors en productions littéraires et en doctes compagnies. L’activité de ses presses répondait au mouvement des esprits. Aucune autre de nos villes, après Paris, n’offrait dans les différentes classes de la société autant de femmes, honneur de leur sexe par leur beauté