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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

donc à Milan, comme archer, dans la compagnie de M. de Lescun, depuis le maréchal de Foix. Le spectacle de cette Italie, sillonnée alors en tous sens par des bandes indisciplinées, parla tout d’abord à son âme et lui inspira quelques-uns de ces grands sentiments qu’il ne devait pas, on l’a vu, à une culture classique ; il les puisait donc dans une sorte d’affinité naturelle avec les héros des temps antiques, ou plutôt la pratique de la vie, comme il arrive chez les hommes d’avenir, avait suppléé bien vite chez lui au défaut de l’éducation des livres. « Il me semblait, a-t-il dit quelque part, lorsque je me faisais lire Tite Live, que je voyais en vie ces braves Scipion, Caton et César ; et quand j’étais à Rome, voyant le Capitole, me ressouvenant de ce que j’avais ouï dire (car, de moi, j’étais un mauvais lecteur), il me semblait que je devais trouver là ces anciens Romains. »

Mais ces belles pensées n’avaient que quelques-uns des moments perdus de Montluc : c’était l’action qui l’absorbait presque tout entier. Il s’y précipita avec fureur, résolu dès le principe à faire fortune ou à mourir : je me trompe, ce qu’il voulait par-dessus tout, c’était acquérir de l’honneur, dût-il le payer de son sang et de sa vie. Un poëte bordelais, de Brach, en réputation au seizième siècle, a rappelé ainsi son impétueux début militaire :

La guerre était partout vivement échauffée ;
Là doncques j’accourus ; et sous Odet de Foix
J’appris, jeune soldat, à porter le harnois ;