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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

Quoi qu’il en soit, la mission de Montluc et la part qu’il avait prise à la victoire de Cérisolles n’avaient pu manquer de demeurer présentes à l’esprit de François Ier. C’est à ce souvenir sans doute qu’il faut attribuer un poste de gentilhomme servant qu’il obtint près de ce prince, alors, comme il nous le représente, « vieux et pensif et qui ne caressait plus les hommes comme autrefois. » Il nous apprend même qu’un jour le roi voulut entendre de sa bouche le récit de cette bataille. En tout cas, le bouillant guerrier, un moment flatté d’un poste honorifique qui avait succédé, d’après sa remarque chagrine, à un injuste oubli, ne pouvait se plaire longtemps dans cette vie de brillante sujétion. Il nous le dit, et nous l’en croirons sans peine : son tempérament répugnait à la vie uniforme et à l’oisiveté élégante des cours ; il était né pour l’agitation et l’indépendance des camps. Vainement pendant la paix, comme il l’atteste, voulut-il faire plus d’une fois l’apprentissage utile du métier de courtisan ; il dut reconnaître « qu’il était mal propre pour ce métier, trop franc et trop libre. »

À la fin de 1544 nous retrouvons Montluc, avec le titre de mestre de camp, au siège de Boulogne sur Mer. Ce siège s’étant terminé par un blocus, on eut un nouvel exemple de l’action habile et absolue qu’il exerçait sur ses soldats. Ceux-ci refusaient de se prêter à ce travail, qu’ils déclaraient indigne d’eux et ne convenir qu’à des manœuvres. Que la truelle eût remplacé l’épée dans leurs mains, c’était chose dont ils croyaient devoir rougir. Au lieu de recourir, pour les contraindre