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LOUISE LABÉ.

fections que se plaisent à énumérer les poëtes du temps, en célébrant surtout « son port gracieux, ses traits avenants, l’étincelle de son regard. » Aussi l’un d’eux, Jacques Pelletier, déclarait-il « qu’elle resplendissait entre les dames, comme la lune resplendit de nuit sur les moindres flambeaux. » Ajoutons qu’elle excellait dans l’équitation : son premier goût fut même celui des armes, et à l’âge de seize ans elle figura au siège de Perpignan (1542), connue sous le nom du capitaine Louis, « ferme en selle, dit un contemporain, ployant de sa lance les plus hardis assaillants, au premier rang des chevaliers. » Elle a rappelé avec complaisance ce moment héroïque de sa vie :

Qui m’eût lors vue en armes fière aller,
Pour Bradamante ou la haute Marphise,
Sœur de Roger, il m’eût, possible, prise.


Mais la levée du siège (les Espagnols commandés par le duc d’Albe forcèrent à la retraite le fils aîné de François Ier) ne laissa pas que de dégoûter assez promptement de la guerre celle qui avait sinon toutes les vertus, au moins la valeur de Jeanne d’Arc. Éloignée des camps, Louise Labé revint à sa vocation pour les lettres.

Ce fut peu après sans doute que sa beauté et son esprit lui ménagèrent l’établissement avantageux qui la mit en possession d’un commerce considérable, d’ateliers, de magasins spacieux et de plusieurs maisons à Lyon. Celle qu’habitait Louise offrait toutes les commodités de la fortune, et l’emplacement en est encore dé-