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LOUISE LABÉ.

et par leurs talents. Mais parmi elles nulle n’obtint de son temps plus de réputation, nulle n’a conservé plus de gloire que Louise Charly, dite Labé : c’étaient les deux noms de son père.

Elle naquit à Lyon en 1526. On l’a représentée comme issue d’une famille obscure, et devenue la femme d’un artisan ; mais la critique a rectifié sur ce point de vagues et d’inexactes assertions. En réalité, elle épousa un riche négociant en câbles et en cordes, nommé Ennemond Perrin ; et c’est à cause de ce commerce qu’on l’a appelée la Belle cordière. Quant à son éducation, elle fut l’objet de soins qui font supposer que Louise appartenait à une maison d’une grande aisance. On lui apprit, avec tout ce que réclamait l’élégance du monde, les langues dont l’étude était la base d’une instruction distinguée, l’italien et l’espagnol ; le latin même et le grec ne lui furent pas étrangers. Malgré cette culture classique, sa vie eut une teinte romanesque qui a séduit l’imagination des auteurs de nos jours, et il y plane quelque chose de cette incertitude qui sied aux personnages dont s’empare la fiction[1]. Mais ce qui est constant, c’est que tout semblait s’être réuni, chez Louise Labé, aux charmes de la figure et de l’esprit, pour captiver les yeux et les cœurs. Elle dansait, nous dit-on, à merveille. Musicienne consommée, elle savait jouer de presque tous les instruments, et elle y joignait celui qui les surpasse tous, une belle voix. Telles sont les per-

  1. M. Saintine l’a particulièrement choisie pour son héroïne dans l’un de ses romans.