Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

« que ce n’était pas la centième escarmouche où il s’était trouvé. »

Aussitôt, malgré son déplorable état de santé, il pourvut à tout et il organisa un excellent système de défense, montrant déjà, suivant la belle expression que Bossuet appliquait plus tard au valeureux comte de Fontaines, « qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime. » L’attente de Henri II ne fut donc nullement trompée, et il eut d’autant plus sujet de se féliciter de son choix que la situation de Sienne s’aggrava bientôt de la manière la plus alarmante. Ce fut à la suite de la défaite de Strozzi, qui, comme on l’a vu, couvrait Sienne, et qui, en s’efforçant de rallier ses troupes, fut si grièvement blessé lui-même qu’on le tint quelque temps pour mort.

Le général de l’armée espagnole vainqueur, le marquis de Marignan, marchant sur Sienne, ne semblait pas devoir rencontrer d’obstacles sérieux pour y pénétrer, lorsqu’il trouva en face de lui un ennemi dont il n’avait pu soupçonner ni les forces ni la résistance obstinée.

À la vue de Montluc se traînant sur les remparts, le premier sentiment qui le saisit ce fut celui de la pitié ; car c’était à peine s’il paraissait avoir encore quelques jours à vivre. Ce fut donc par la courtoisie qu’il crut devoir d’abord l’attaquer, en lui envoyant quelques-uns de ces mets délicats par lesquels Pompée, malade, avait jadis refusé, dit-on, de recouvrer la santé. Mais Montluc, qui n’affectait nullement la sévérité d’un Romain, acceptait, nous dit-il, avec de grands mercis