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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

pas peu à ranimer les restes de leur vie. Quand ils s’étaient présentés aux ayant-postes de la ville, à Montalchin, on avait frémi à l’aspect de ces hommes, « tout décharnés et ressemblant à des morts. »

Telle fut l’issue de ce siège célèbre, qui avait duré huit mois, à la gloire des Siennois, transformés sous le commandement d’un Français. Nul n’y joua un plus noble rôle que Montluc, qui d’abord ne voulut pas souffrir de capitulation où les bannis de Florence ne fussent compris ; qui ensuite, et à aucun prix, ne voulut ni pour lui ni pour les siens souscrire aucun engagement de cette espèce. Son honneur jaloux ne négligea aucune précaution à cet égard ; car il exigea qu’une déclaration de Sienne, sauvegarde de sa réputation, fût rédigée : cette pièce avait été renfermée dans le trésor royal[1]. Par la suite, Montluc regrettait très-vivement de ne l’avoir point à sa disposition pour en reproduire le texte : « Il eût voulu donner cinq cents écus d’un double, pour laisser mémoire de lui et l’insérer dans son livre. » Dans ce document en tout cas, on voyait « qu’il était sorti de Sienne sans capitulation aucune, enseignes déployées, les armes sur le cou et tabourin sonnant. »

Henri II, juste appréciateur de Montluc, ne laissa pas son héroïque courage sans de justes récompenses ; mais on devait craindre qu’elles ne fussent que l’ornement de son tombeau, tant il semblait impossible qu’il survécût à tant de fatigues qui avaient mis le comble à

  1. On dirait aujourd’hui : dans les archives de l’État.