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LOUISE LABÉ.

qui tournait au profit du naturel et, partant, du charme, sous la plume des femmes de cette époque. C’est ce qui explique aussi l’extrême rareté des livres qu’elles nous ont laissés. Pour la plupart, on ne peut guère les juger que sur quelques pièces éparses ou sur les témoignages contemporains. Quant aux productions de Louise Labé, loin d’être inédites, elles ont eu plus de dix réimpressions : mais nous n’en devions pas moins noter sa modestie ou réelle ou apparente, parce qu’elle peut passer pour un trait de mœurs.

L’honneur de l’impression ne fut pas d’ailleurs le seul dont elle jouit de son vivant. Par un privilège d’ordinaire réservé au génie, elle eut, ainsi que Dante au moyen âge, ses commentateurs. Je ne parle pas de ses biographes et de ses panégyristes. On la traita comme un auteur classique ; on lui consacra un glossaire. Et cet engouement semble s’être renouvelé de nos jours, où de savants éditeurs l’ont remise en lumière avec autant d’intelligence et de soin que de luxe typographique[1].

Ses œuvres se divisent en deux parties : c’est la seconde qui contient les élégies et les sonnets (ils forment à peu près un total de cinq cents vers) ; la première renferme un dialogue en prose qui a pour titre Débats de Folie et d’Amour, sujet qu’elle développe avec une certaine étendue et que La Fontaine a depuis resserré dans le cadre d’une fable ingénieuse[2]. En s’adressant, dans la dédicace de cette fiction, aux vertueuses dames, Louise Labé

  1. Voyez particulièrement l’édition de MM. Cailhava et Monfalcon, Paris, in-8o, 1843.
  2. L’Amour et la Folie, XII, 14.