Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

deur de son émulation ou plutôt son faible pour la célébrité, ce qu’il confesse du reste avec une certaine ingénuité au milieu de ses forfanteries.

Ainsi sa défense de Sienne, il l’érige en exemple, comme celles de Pavie par Antoine de Lève, de Fontarabie par de Lude, de Péronne par le seigneur de Bouillon, de la Mirandole par Lansac, et son récit achevé, il en prend occasion de déduire de sa conduite une longue suite de préceptes qu’il adresse aux capitaines chargés du gouvernement des places. Il les interpelle avec vivacité, avec ardeur, en leur montrant à quelles conditions ils s’illustreront comme lui : « Vos heures de plaisir, dit-il en finissant, doivent être de vous promener sur les remparts, visiter vos magasins et regarder si rien ne vous fait défaut. »

Les allocutions de ce genre sont innombrables ; mais, non content de donner des préceptes aux capitaines, ses compagnons, Montluc ne ménage pas les avis à son roi, particulièrement à Charles IX, et ses conseils ne manquent alors ni d’élévation ni de sagesse. En traçant la ligne de conduite que doit suivre le monarque pour le bien du royaume et son propre bien, on saura gré à l’écrivain d’alléguer plusieurs fois l’exemple de Louis XII, dont les Valois, par malheur, avaient trop abdiqué le souvenir. On aime aussi que le gentilhomme, s’adressant à celui qui n’était, d’après le mot de François Ier, que le premier gentilhomme de son royaume, l’engage à ne pas se tenir si renfermé. « Quand il n’aurait fait autre chose que se montrer en personne à ses armées, au moins quelquefois, il eut gagné le cœur de plusieurs