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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

le séjour des champs ; car les « seigneurs en seraient plus riches et auraient plus d’autorité. » Ainsi s’était-on exposé à passer par les mains des gens des villes, à qui il fallait faire la cour, et qui devaient en effet peu à peu substituer leur ascendant à celui de l’ancienne noblesse. Rappelons à ce sujet qu’en dehors de la profession des armes, Montluc, comme c’était trop l’usage à cette époque parmi les gens de guerre, affecte fort peu d’estime pour les autres professions sociales, qu’il trouve beaucoup trop nombreuses pour le bien du roi et de son État, et dont il n’apprécie nullement le mérite. On en jugera par cette réflexion : « Entrant quelquefois aux parlements de Toulouse et de Bordeaux depuis que je suis lieutenant du roi en Guyenne, je me suis cent fois étonné comme il était possible que tant de jeunes hommes s’amusassent ainsi dans un palais, vu qu’ordinairement le sang bout à la jeunesse. Je crois que ce n’est que quelque accoutumance. Et le roi ne saurait mieux faire que de chasser ces gens de là, et les accoutumer aux armes. »

À part ces exagérations, l’ouvrage de Montluc, dicté par une expérience aussi consommée que diverse, est donc de ceux dont on peut tirer, ailleurs qu’à la guerre, d’excellentes règles de conduite et un choix de sages maximes[1]. Telle est la suivante : « Il ne se faut pas étonner si on voit tomber tant de gens en malheur ; car l’outrecuidance les y mène par la main, et après

  1. On en trouvera un choix dans l’ouvrage suivant : Biographie et maximes de Blaise de Montluc, par M. La Barre Duparcq. Déjà Pasquier en avait présenté un spécimen curieux.