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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

de la danse et du bal, était effréné jusqu’au milieu des horreurs des guerres civiles. D’après Montluc il fallait, quelque affaire qu’il y eût, que le bal marchât toujours. « À l’exemple de la cour, dit l’historien de Henri IV, Péréfixe, à l’année 1586, le bal et les mascarades régnaient dans tout le royaume, et même les remontrances des ministres n’avaient su empêcher qu’on ne dansât chez la plupart des seigneurs huguenots. » Ce goût ou plutôt cette frénésie, qui modifièrent si sensiblement ou plutôt corrompirent parmi nous, il faut bien l’avouer, la sévérité des vieilles mœurs, nous venait de l’Italie, dont les Valois étaient à moitié issus en quelque sorte, dont ils avaient surtout la plupart des vices. Tandis que le courtisan Brantôme s’applaudit, en homme qui n’a que le plaisir en vue, de voir les dames s’établir à la cour pour y régner presque aussitôt, les inconvénients de ce règne nouveau, et qui n’était pas près de finir, n’échappent pas à Montluc, d’un sens plus pratique et plus sérieux qu’on ne l’était d’habitude autour des Valois. « Le malheur, dit-il à ce sujet, est en France qu’elles se mêlent de trop de choses et ont trop de crédit[1] ; » et il répète plus d’une fois cette plainte caractéristique.

Il regrette aussi que la noblesse n’ait pas accepté les charges des villes, notamment dans les capitales telles que Toulouse et Bordeaux, et qu’elle les ait quittées pour

  1. Il dit encore ailleurs : « Toujours à la cour il y a quelque charité, et par malheur les dames peuvent tout. » Aussi la duchesse d’Étampes, pour l’avoir vu d’un œil défavorable, avait-elle failli, dit-il, le mettre en disgrâce auprès de Henri II.