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GUILLAUME BUDÉ.

désirer pour l’éducation de la jeunesse, nous l’accorderons aisément : quant aux vers de Marot contre les régents des écoles de Paris, et à d’autres citations du même genre qu’allègue l’auteur, il convient de n’y voir que des boutades poétiques.

Ce qui reste en tout cas avéré, c’est qu’il y avait de grandes réformes à faire. Les intelligences demandaient une plus forte nourriture que par le passé : il fallait que des maîtres habiles répondissent à ces besoins et secondassent l’éveil de facultés pressées d’éclore. Pour cette œuvre, une génération d’élite se présenta : parmi ses principaux représentants Budé mérite d’être distingué. Mais M. Rebitté a compris qu’avant de concentrer l’attention sur ce personnage, il était à propos de la partager entre tous ceux qui lui ont frayé le chemin ou qui ont marché à côté de lui. Cette partie du travail, quoique trop peu complète encore, est neuve et attachante. On y trouve sur Duchatel, lecteur royal de François Ier, des détails pleins d’intérêt ; ils nous apprennent que sa charge n’était nullement une sinécure. Ailleurs nous nous plaisons à nouer connaissance avec Tissard, qui commença la série des publications grecques, avec Chéradame, avec Toussain. On applaudira au sentiment d’équité bienveillante qui porte l’auteur à réveiller ces modestes célébrités depuis longtemps éteintes, à rappeler les noms de ces travailleurs dévoués, dont les patientes veilles ont inauguré l’ère d’une civilisation nouvelle. En passant, il a salué parmi les hellénistes la figure joviale de Rabelais, qui, dans le plan d’éducation de Pantagruel, a fait entrer l’étude du grec.