Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/394

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
370
GUILLAUME BUDÉ.

22 juin 1536, et dont il a invoqué quelque part le témoignage ? N’eût-il pas été curieux de le comparer à d’autres testaments célèbres, tels que celui de Pierre Pithou, son contemporain, ou ceux que l’antiquité nous a transmis de ses sages les plus renommés[1]? Le rapprochement semblait naturel ; car c’étaient âmes, pour parler avec Montaigne[2], moulées aux mêmes patrons.

Relativement à la composition de l’Essai, je reprocherai à M. Rebitté de n’avoir pas mis dans son plan assez de simplicité et de suite. Ainsi, pourquoi disperser dans plusieurs chapitres les renseignements qui concernent le collège de France ? On voudrait un nœud plus étroit qui unît les différentes parties de l’œuvre. En outre, dans les détails, je relèverai principalement deux assertions qui me paraissent non-seulement hasardées, mais tout à fait inadmissibles. La première est une imputation contre les jurisconsultes, la seconde contre le moyen âge. L’auteur accuse ceux-là d’user d’un langage barbare, bien plus, d’être ennemis de l’art de bien dire ; mais, de ces points, l’un est fort contestable, et l’autre est entièrement faux. Sans doute, les légistes employaient bannum au lieu de proscriptio, treuga au lieu de induciœ : toutefois, ce n’était nullement par aberration de goût et par entraînement vers des mots insolites ; c’était uniquement par nécessité que, pour rendre les idées nouvelles du droit féodal et de la société

  1. Voy. Diogène Laërce, V, 1, 9 ; X, 10, etc.
  2. Essais, I, 27.