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PIERRE RAMUS.

raine, qui fut longtemps, comme il se plaisait à l’appeler, son Mécène, après avoir été assis sur les mômes bancs que lui ; un autre de ses anciens condisciples du collège de Navarre, le cardinal de Bourbon (ce roi improvisé par la ligue sous le nom passager de Charles X) ; l’amiral de Coligny ; le chancelier de L’Hôpital ; la reine mère et Charles IX, qui avaient conservé pour Ramus les sentiments de Henri II. Grâce à de si hauts patronages et à son mérite, qui attirait en foule les élèves autour de lui, il avait acquis une fortune importante pour l’époque, et dont il fit le plus honorable emploi, ayant même, par une libéralité toute royale, fondé au collège de France une chaire de mathématiques qui a subsisté jusque vers la fin du dernier siècle[1].

Quant à ses ouvrages, la variété en fut extrême et la direction habituellement très-utile : car il appartint à cette école vraiment française qui, devancière de Port-Royal, entreprit au seizième siècle « de mettre dans notre langue les préceptes des arts libéraux. » Nous ne saurions reproduire ici la liste complète de ses publications, dressée avec beaucoup de soin par M. Waddington : bornons-nous à quelques mentions dans des genres divers. Il ne servit pas peu les études, embarrassées des langes du moyen âge, en composant, avec plus de méthode qu’on ne l’avait fait jusque-là, trois grammaires, française, latine, grecque, dont les nombreuses réimpressions ont attesté l’autorité durable[2]. L’un des meilleures juges en cette matière,

  1. Le célèbre géomètre Roberval l’a longtemps occupée.
  2. C’est comme grammairien que Ramus a été mêlé à une querelle