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MARIE DE ROMIEU

Après que le printemps, plaisant et amoureux,
 A fait son cours, vient l’été chaleureux ;
Après le chaud été, l’automne ; après arrive
 Le froid hiver qui nous met à la rive.

Du nautonier Caron. Rien ne peut secourir
 Nos frêles corps condamnés à mourir.
Ainsi ce bon seigneur a passé sa jeunesse
{tab}}Et son avril, automne et sa vieillesse
Au service de Dieu et de son chrétien roi ;
 Virilement il est mort pour la foi…


On connaissait peu, au seizième siècle, cet art de se borner, sans lequel on ne sait point écrire. L’auteur emploie beaucoup d’autres vers à énumérer les vertus de Chastelier ; et çà et là se mêlent au récit de ses belles actions quelques particularités curieuses sur les affaires du temps. Un poëme qui n’a pas moins d’étendue est une ode de dix-sept strophes en l’honneur du jeune Charles de Lorraine, prince de Chevreuse. Marie de Romieu le félicite d’abord de porter le nom et le prénom « du grand Charles de Lorraine, » immortalisé par tant d’éloges. Elle le convie ensuite aux exploits qui l’attendent à titre héréditaire ; et par avance, elle annonce la gloire future de ce descendant des Guises. À ces morceaux sérieux on pourrait en opposer un autre intitulé Rien, pour montrer combien nos anciens auteurs, prompts à changer de ton, s’égayaient volontiers par des plaisanteries. Ce n’était, il est vrai, qu’une imitation ou plutôt une traduction assez heureuse de quelques vers de Passerat, jeu d’esprit qu’avait fort admiré cette époque amie des élégances frivoles. Telles