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ET CATHERINE DES ROCHES

On ne sera pas dès lors surpris que, « aimant mieux écrire que filer, » comme elle l’avoue, Madeleine ait combattu avec un esprit piquant et de fort bon aloi le vieux préjugé qui condamnait le savoir chez les femmes. Il n’en fallait redouter, selon elle, que l’exagération et l’abus. Quant à ses avantages, ils étaient des plus manifestes. En premier lieu, les dames n’avaient pas de plus cher intérêt que de remplacer désormais la suprématie de l’amour, qu’elles exerçaient à l’époque chevaleresque, par l’empire plus solide des connaissances et de l’esprit. Dans le noble désir de relever son sexe, dont l’ascendant s’était affaibli avec l’enthousiasme du moyen âge, elle accusait donc la tyrannie que les parents exerçaient sur leurs filles,


Là les tenant closes dans la maison
Et leur donnant le fuseau pour la plume.


Elle n’épargnait pas non plus la jalouse appréhension des maris, qui, curieux d’emprisonner leurs femmes dans leur ménage, ne faisaient résonner à leurs oreilles que les mots d’obéissance, de soin, d’avarice :


Quelqu’un d’entre eux, ayant fermé la porte
À la vertu, nourrice du savoir,
En nous voyant, craint de la recevoir ;
Pour ce qu’ell’ porte habit de notre sorte.


Non contente de vouloir réconcilier avec la science ceux qui la dédaignaient ou la soupçonnaient sans raison, Madeleine Neveu la célébrait ensuite dans une ode fort étendue, dont je me bornerai à citer la première strophe :