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MADELEINE NEVEU

 Ainsi que la lumière
 Dompte l’obscurité,
 La science est première ;
 Mais tout est vanité.


On sait que le seizième siècle n’était pas mûr pour ce genre, et que le maître du chœur lui-même, comme on nommait Ronsard, n’a pu atteindre aux beautés qu’il comporte. Plus sage qu’enthousiaste, Madeleine Neveu y réussit moins encore ; ses odes, assez nombreuses, ne se recommandent guère que par l’intérêt qui s’attache parfois à leurs sujets. Tel est le mérite de celle qu’elle a composée


Dessus le siège de Poitiers
Où tant de braves chevaliers
Chargèrent la fatale barque ;


pièce qui nous apprendrait au besoin combien ce siège, fait par l’amiral Coligny en 1569, et soutenu contre lui par le duc de Guise, fut meurtrier pour les deux partis, surtout pour celui des protestants, qui furent contraints de l’abandonner. Cet intérêt historique, à défaut de qualités plus saillantes, se retrouve dans quelques autres morceaux de madame des Roches, spécialement dans celui qu’elle adressa au roi Henri III, sous le nom de la ville de Poitiers, qu’elle fait parler pour demander un parlement qui y fît résidence. Une difficulté de prosodie que s’est imposée l’auteur, et qui paraît digne de mention à Colletet, dans ce gentil passage, est celle qui ramène le mot de parlement à la fin de tous les couplets :