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AU SEIZIÈME SIÈCLE

riste l’auteur des Baisers, Jean Second, qui, non content de la louer au sujet de ce qui fut son principal titre à la réputation, n’hésitait pas à déclarer que rien, dans le domaine littéraire, ne lui avait été étranger[1]. Ailleurs, vers la même époque, Marie Dentiers, réveillant des haines un peu assoupies, écrivait une épître contre les Turcs, les juifs et les infidèles. Par une autre inspiration du zèle religieux, Anne Bins, un peu plus tard, poursuivait dans ses poésies les hérétiques, tandis que, animées de passions rivales, des femmes reflétaient dans leurs ouvrages les doctrines de la réforme, qu’elles avaient embrassée. Telle fut Georgette de Montenay, qui vivait à la cour de Navarre et y écrivit, dit un contemporain[2], « un fort beau livre en vers français intitulé : Emblèmes chrétiens. » Telles furent surtout Anne et Catherine de Parthenay, dont le nom se mêla à celui des Rohan, maison féconde, au seizième et au dix-septième siècle, en hommes comme en femmes illustres.

Anne de Parthenay, si l’on en croit les vers de Marot faits à son honneur, excellait dans la poésie et dans la musique. Elle joignait au charme de la voix et aux ta-

  1. Voyez, parmi les Élégies de Jean Second, la pièce qui commence ainsi :
    Hospes, Joannce hoc Fontanae habet ossa sepulchrum ;
    Et une autre qui a pour titre : In historiam de rébus a Theseo gestis, duorumque rivalium certamine, gallicis numeris ab illustri quadam matrona suavissime conscriptam.
  2. La Croix du Maine. — Le livre que nous mentionnons, après avoir paru à Lyon en 1571, fut reproduit à Zurich en 1583, avec l’accompagnement d’une version latine.