Page:Feydeau - Aux antipodes - 1883.djvu/12

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de ma tante, meurt à Marseille ! Jusque-là tout va bien ! Mais voilà que mon mari qui a la goutte — entre nous c’est bien sa faute, il avait pour ami intime un monsieur qui avait des rhumatismes — mon mari me dit : « Tu iras seule à son enterrement. » J’achète une magnifique couronne d’immortelles, et je prends le train pour Marseille ! Le lendemain j’arrive !… J’étais à Paris ! Aux Antipodes ! Je m’étais trompé de train et j’avais dormi tout le temps ! Quelle aventure !

Heureusement, je suis une femme de caractère ! Je ne me suis pas du tout découragée : j’ai pris mes paquets, ma couronne d’immortelles… qui était pour mon oncle de Marseille et je suis descendue de wagon. J’ai pris un fiacre, un fiacre tout jaune, avec un cocher très aimable, qui avait une figure !… toute jaune… comme le fiacre ! D’ailleurs, il m’a dit qu’il revenait des pays chauds… de Nouméa… pour sa santé, bien sûr ! — Enfin, je l’ai prié de me conduire chez un cousin de mon mari, M. Lecrevé, qui habite Paris… Seulement, le malheur, c’est que le cocher ni moi ne savions son adresse ! Enfin en cherchant !…