Page:Feydeau - Gibier de potence, 1885.djvu/10

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Plumard, sèchement.

Moi ! rien ! (Pépita lève les épaules et se replonge dans sa lecture. — Au public.) Il fait la cour à ma femme, voilà tout ; et ça me vexe… quand il vient, on m’envoie faire jouer Bébé… avec ce cerceau. Voilà six mois que ça dure ! heureusement je ne suis pas un de ces maris aveugles… j’ai tout compris… depuis hier soir… Ah ! c’est que j’ai lu Othello… Un drame d’un Anglais,… qui écrit même très bien le français pour un étranger… Ça m’a ouvert les yeux ! J’ai pensé tout de suite aux oreillers… mais j’ai trouvé ça un peu anglais pour moi… J’ai préféré quelque chose de plus gascon… J’ai pris une plume et j’ai écrit au commissaire de police : (Tirant sa lettre de sa poche et lisant.) Monsieur le commissaire, soyez chez M. Plumard, 7 rue aux ânes, ce soir à cinq heures ! vous trouverez dans son salon un malfaiteur de la pire espèce ! vous le reconnaîtrez facilement à son air de profond crétinisme.  — Entre nous je n’étais pas fâché de le bêcher un peu !… Il est quatre heures moins cinq et dans une heure cinq… Ah ! nous allons bien rire.

On sonne.


Scène II

Les Mêmes, TAUPINIER.
Taupinier.

C’est moi.

Pépita.

Ah ! vous arrivez bien ! Vous allez retourner me chercher un journal du soir et puis vous passerez à la Préfecture de police…

Taupinier.

Encore ! Quelle existence ! C’est bon ! je m’envole et je reviens rapide comme l’oiseau.

Fausse sortie.
Plumard, entre les dents.

Va donc pierrot !