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Page:Feydeau - Gibier de potence, 1885.djvu/13

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Lemercier.

C’est bien.

Elle sort.


Scène IV

LEMERCIER, seul.
Lemercier.

M. Lemercier, c’est ça, c’est bien ça… Quand je dis c’est bien ça ! ça n’est pas ça du tout… Je m’appelle Aristide Grognard… professeur de rhétorique à Quimper. Quant à Lemercier, c’est le nom de ma belle-mère… parce que, quand je fais mes fredaines, je ne tiens pas à compromettre mon nom… alors je prend celui de ma belle-mère. Or, je les fais en ce moment-ci mes fredaines… Oui ! comme je suis sans ma femme à Paris, je me suis dit : je vais aller chez une actrice… j’adore les actrices, c’est mon vice ! et voilà comment je suis chez la Lamballe, la célèbre Lamballe des Folies-Érotiques, comme un boudiné… je m’emboudine en ce moment… Enfin, je lui apporte ce petit chien, à la Lamballe. C’est tout un roman !… Hier soir, j’étais aux Folies-Érotiques. Derrière moi, deux gandins ; l’un d’eux dit à l’autre : « Dis donc, tu ne sais pas, Hector, la Lamballe a perdu Médor ! » Je me rappelle qu’il s’appelait Hector, parce que ça faisait deux vers.

Reprenant.

« Dis donc, tu ne sais pas, Hector,
La Lamballe a perdu Médor !»

« Allons donc ! — Oui, Médor, ce ravissant bijou, ce petit chien que lui avait donné le prince. — Alors, moi, il me vient une idée. Je me dis : « Voilà mon affaire ! Si je pouvais lui retrouver son Médor, ce serait piquant !… » Et ce matin je me mets à suivre tous les chiens… avec mon parapluie, parce que comme il faisait justement ce temps-là… un temps de chien, vous comprenez… Tout à