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Page:Feydeau - Gibier de potence, 1885.djvu/20

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Plumard.

Mon Dieu, monsieur, c’est le fait de toute l’humanité ! Ainsi, tenez, cela me rappelle une aventure : j’étais à Asnières et je pêchais à la ligne. Ça ne mordait pas ! Tout à coup mon bouchon fonce ! Je dis : « C’est une ablette ! » C’était une perruque, monsieur.

Lemercier, cherchant.

Mais, monsieur, ça n’a aucun rapport !…

Plumard, digne.

Mais je n’ai pas dit que ça avait du rapport ! J’ai dit : ça me rappelle une aventure. (À part.) Qu’est-ce qu’il a à faire le pédant, ce pharmacien ! il est au moins de septième classe.

Pépita énervée hausse les épaules.
Lemercier.

Oh ! madame, croyez que je regrette…

Pépita, souriant.

Pas plus que nous, monsieur.

Plumard.

Oui, c’est dommage ! parce que vous comprenez bien que nous ne pouvons pas vous remettre la petite récompense. (Lemercier fait un mouvement.) Dame ! du moment que vous ne rapportez pas l’objet… Avec la meilleure volonté du monde…

Pépita, vivement.

Monsieur Plumard ?

Plumard.

Ma bonne amie !

Pépita, impatientée.

Vous, m’obligeriez bien d’aller faire jouer bébé ; je crois qu’il pleure.

Plumard se lève sans mot dire, avec dignité, et gagne la porte de droite.