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Page:Feydeau - Gibier de potence, 1885.djvu/27

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Taupinier.

Il est bête comme chou, cet imbécile-là.

Lemercier, se levant et posant son chapeau sur la table de droite.

Madame, je vous demanderai la permission de retirer mon paletot.

Il retire son paletot, qu’il plie avec soin, se disposant à le placer sur la chaise qui est à gauche de la table.
Pépita.

Mais faites-donc, je vous en prie. (À Taupinier.) Ah ! dites donc ! Quelle idée ! vous allez vérifier… sa taille (Elle prend le mètre.) Tenez, prenez.

Taupinier.

Hein ! comment ! mais c’est que ce ne sera pas facile…

Pépita.

Essayez toujours.

Lemercier, le dos tourné, tout en pliant son paletot, pendant que Taupinier essaie de le mesurer.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi… (Il se retourne, aperçoit le manège de Taupinier qui prend un air calme, en faisant le moulinet avec son mètre.) Qu’est-ce qu’il a donc celui-là ? (Il passe devant la table, en remontant un peu ensuite, comme pour placer son paletot sur la chaise à droite de la table. — Taupinier le suit, et de nouveau essaie de le mesurer) … Je ne sais pas si vous êtes comme moi. (Il se retourne, et aperçoit Taupinier le mesurant.) Encore ! (Taupinier affecte de prendre les dimensions de la table. D’un coup de son mètre, il envoie promener le chapeau de Lemercier.) Mais c’est mon chapeau, monsieur. (Il le ramasse, le place sur la console, puis gagne la chaise qui est à droite de la porte du fond, pour placer son paletot. Taupinier le suit avec son mètre.) Je ne sais pas si vous êtes comme moi…

Pour mieux plier son paletot, il se courbe en deux devant la chaise, les jambes très écartées, de sorte que Taupinier ne peut mesurer que jusqu’au bas des reins.
Taupinier.

Tiens ! je l’aurais cru plus haut que ça !