Page:Feydeau - Gibier de potence, 1885.djvu/38

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Lemercier, à part.

Quel monstre ! (Haut.) Eh bien ! moi, mes premiers exploits datent de plus loin encore !

Taupinier.

Est-il possible ?

Lemercier.

Je n’étais pas né, monsieur ! Nous étions deux, dans le sein de ma mère ! Je dis à mon frère jumeau : « Il y a un de nous deux qui est de trop ici, monsieur ! » et sur-le-champ, je lui brûlai la cervelle ! Voilà ! (À part.) Ouf !

Taupinier.

Mon cher confrère…

Ils se serrent la main. — Un temps.
Lemercier.

Mais dites-moi ! Au point où nous en sommes, nous pouvons tout nous dire ! Je vous vois là… Que venez-vous faire dans cette maison ?

Taupinier.

Ah ! voilà !

Lemercier.

Un nouveau crime, hein ? Vous venez pour affaire.

Taupinier, prenant un air terrible.

Eh bien ! oui, là ! Je vais tout vous dire… Je viens pour tuer Plumard.

Lemercier, avec pitié.

Ce pauvre Plumard !

Taupinier.

Est-ce que vous auriez pitié de lui ?

Lemercier, se gendarmant.

Pitié ! ne dites-vous pas que j’ai de la pitié ! mais qu’est-ce que c’est que ça, la pitié !

Taupinier, très ému.

C’est un hôpital…