Page:Feydeau - Gibier de potence, 1885.djvu/37

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Taupinier.

Mon cher confrère…

Ils se serrent la main.
Lemercier, à part.

Sa main brûle comme le feu.

Taupinier, à part.

Sa main est froide comme l’acier !

Lemercier.

Ah ! le fait est que j’ai commis des crimes en nombre incalculable…

Taupinier.

Oh !… vous, je sais, parbleu ! votre carrière est faite.

Lemercier.

Ah ! c’est que j’ai quelques années de services, voyez-vous…

Taupinier.

Oh ! mais moi, j’ai commencé si jeune !

Lemercier.

Oh ! pas tant que moi !

Taupinier.

Ce serait à voir !

Lemercier.

Je vous assure…

Taupinier.

J’étais encore au maillot, monsieur ! Un jour, dans un juste ressentiment contre ma nourrice qui me préférait trop souvent certain militaire, je mordis si fort le sein de cette femme qu’elle en mourut… et le militaire aussi…

Lemercier.

Ah ! le… Pardon, pourquoi le militaire ?

Taupinier, sombre.

De douleur, monsieur !